Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     ENTENDRE     
FEW IV intendere
ENTENDRE, verbe
[AND : entendre1 ; DÉCT : entendre ]

I. -

Empl. trans. dir.

A. -

"Saisir par l'ouïe" : Et en disant ces parolles, le seigneur de Saintré (...) prestement descendit, et quant Madame le vist a terre, si hault que pluseurs l'entendirent lui dist : "Ha ! sire, que le tresmal venu soiez vous !" (LA SALE, J.S., 1456, 273).

 

-

Entendre qqc. de qqn. "Entendre qqn dire qqc." : Et quant Saintré entend du roy son ordonnance et le gracieux parler de messire Enguerrant, se fist baillier son bracelet (LA SALE, J.S., 1456, 130).

B. -

"Comprendre" : "Or vous levez et entendez bien mes parolles et les retenez." (LA SALE, J.S., 1456, 36).

C. -

Entendre + inf. "Espérer" : Et quant il fut revenu a Romme a tout son ost, le poeuple entendoit de jour en jour avoir sa confirmacion de celui edit que Servilius avoit fait. (LA SALE, Sale D., 1451, 181).

D. -

Entendre que. "Entendre dire que" : Et quant la royne entend que le roy lui a donnez IIJM escus, elle en fut tres joieuse. (LA SALE, J.S., 1456, 93).

 

-

Faire entendre que. "Faire croire que" : Ce maistre cy que vous veez porter robe de martres fourree, pourpoint de soye, chausses brodees, et si jolis, nous veult faire entendre qu'il n'a point de dame, et qui pis est, n'est point amoreux. (LA SALE, J.S., 1456, 62).

 

-

C'est à entendre que. "Cela signifie que, c'est-à-dire que" : C'est a entendre que onques ne fut bien ou mal, tant fust il secret, repost ne obscur, que a la fin ne soit sceu (LA SALE, J.S., 1456, 307).

E. -

Au passif. Estre entendu que. "Signifier que" : Les pappes (...) ont escript sur les tresgrans biens que viennent de vraye justice, a nous commandez de la bouche de Dieu en sa sainte euvangille, ou il dist : beati qui persecucionem paciuntur propter justiciam ; qui n'est pas tant seullement enttendu que il commande faire justice, ains dist que bien heurez sont ceulx qui ont a souffrir pour faire et maintenir justice (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 8).

II. -

Empl. trans. indir.

A. -

Entendre à qqn. "Prêter attention à qqn" : "Or, mon ami, entendez a moy : de quelzconques menasses, parolles rigoreuses que devant mes femmes ne ailleurs que je vous die, ne vous soiez mal content." (LA SALE, J.S., 1456, 59).

B. -

Entendre à qqc.

 

-

"S'intéresser avec compétence à qqc." : Et sy fust clerc et entendist grandement au fait de ses richesses raisonnablement depparties a tous ses bons amis (LA SALE, Salade, c.1442-1444, 167).

 

-

"Consentir à qqc. (?)" : Je tiens que, pour vengance de nous, ce prince, faulx et malvais tirant qu'il est, n'entendera point à la raençon de nostre filz. (LA SALE, Reconf. De Fresne H., 1457, 16).

C. -

Entendre à + inf.

 

-

"Avoir l'intention de" : ...elle lui dist : "Sire de Saintré, que entendez vous a faire ?" (LA SALE, J.S., 1456, 294).

 

-

"S'efforcer de" : ...car en celuy temps les proeudommes rommains n'entendoient seulement que a multiplier la chose publicque (LA SALE, Sale D., 1451, 91).

D. -

Entendre de qqc.

 

-

"Se préoccuper de qqc." : ...car en celuy temps les proeudommes rommains n'entendoient seulement que a multiplier la chose publicque, et de leurs prouffis n'entendoient que pau ou riens. (LA SALE, Sale D., 1451, 91).

 

-

"Avoir en tête, vouloir parler de" : ...je n'enten point de vostre mere ne de vostre seur, car l'amour de mere et de seur et de parens est toute differente a celle de dame par amours. (LA SALE, J.S., 1456, 9).

E. -

Entendre de + inf. "Aspirer à, s'efforcer de" : "Je croy que nous perdrons bien nostre temps, et qu'il n'a point encores tant de sens que il entende d'avoir dame, ne que il pensast onques d'estre amoreux..." (LA SALE, J.S., 1456, 51).

III. -

Empl. pronom. à sens passif

 

-

Soi entendre pour + inf. "Devoir être compris comme" : Mais ce bien vivre ne s'entend pas seullement pour mangier bonnes viandes, boire bons vins, dormir longues matinees (LA SALE, J.S., 1456, 20).

 

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Soi entendre que. "Signifier que" : Et ne dist pas seullement veoir ses choses, mais reveoir ; et ce reveoir s'entend que nul ne les puet trop veoir. (LA SALE, J.S., 1456, 24).
 

La Sale Pierre Demarolle


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